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« Gérer les cellules en aire paillée, c’est possible »

Aire paillée. La surface en céréales permet à Stéphane Richard de pailler l’aire de couchage à raison de 6 kg matin et soir. j.pezon

Maîtrise. Sur une aire paillée en léger sureffectif, les associés du Gaec La Gendraie, Stéphane Richard et Sébastien Joubert, mettent tout en œuvre pour livrer un lait de qualité aussi irréprochable que possible... Et ça marche !

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Logé sur aire paillée, le troupeau de Stéphane Richard et Sébastien Joubert n’a pas eu de pénalités cellules depuis huit ans, malgré un niveau de production de 10 500 litres par vache ! Le bilan du contrôle laitier pour la campagne 2015-2016 fait état d’une moyenne de 205 000 cellules (151 000 lors de l’exercice précédent) et d’une proportion de 89 % de vaches saines (92 % en 2014-2015). « Le prix du lait est trop bas pour que l’on puisse se permettre d’être pénalisé », commente Sébastien. Le schéma infectieux du troupeau est avant tout lié à des contaminations par les streptocoques présents dans l’environnement.

« Cette performance repose à la fois sur une bonne technique de traite, mais aussi sur la maîtrise de la transition entre le tarissement et le début de lactation, étape clé de pour l’immunité de la vache laitière », précise Louis Musnier, le vétérinaire qui réalise le bilan sanitaire annuel de cet élevage.

« Notre protocole : prétrempage et peroxyde à la traite »

Dans la salle de traite 2 x 6 postes, le trayeur nettoie et branche le lot des vaches du premier quai avant de passer au second. Le protocole est le suivant : lavette individuelle et prétrempage avec un produit moussant, lingette papier et post-trempage en fin de traite avec un produit iodé filmogène. « Il y a longtemps que nous avons mis ce protocole en place, explique Sébastien. Cela prend un peu plus de temps à la traite, mais les trayons sont beaucoup plus propres. » Les 65 vaches du troupeau sont traites en une heure quinze (hors temps de lavage) et les résultats sont là. « Dans l’idéal, il ne manque plus que les gants de traite », glisse le praticien. Après chaque vache traitée pour une mammite, le trayeur désinfecte la griffe dans une solution de peroxyde d’hydrogène et d’acide péracétique (Actiflash, de la société Anti-Germ Internationale) pour prévenir les contaminations croisées. Cette solution est diluée dans l’eau à raison d’un demi-verre pour 10 litres. Ainsi un bidon de 20 litres à 60 € peut durer plusieurs mois.

« Nous paillons tous les jours et curons fréquemment »

Forts de leurs résultats, les éleveurs ne tirent pas les premiers jets et n’ont pas de systèmes de détection des mammites. En revanche, à la suite de la réception des résultats du contrôle laitier, ils font une analyse bactériologique des quatre quartiers sur les vaches nouvellement contaminées pour définir le traitement adapté.

Dans un bâtiment légèrement surchargé (60 à 65 vaches en lactation pour 500 m², soit 8 m²/VL), les éleveurs paillent à raison de 12 kg/VL, 6 kg le matin et 6 kg le soir. Le curage a lieu toutes les semaines. En l’absence de fermeture de l’accès à l’aire paillée après la traite, les vaches sont bloquées une heure au cornadis (une pratique par ailleurs déconseillée pour la santé des pieds).

Sur la façade ouverte à l’est, ils ont installé un rideau mobile commandé manuellement. « Nous avions remarqué par grand vent que des courants d’air se formaient sous la stabulation. Les vaches avaient alors tendance à toutes se coucher au même endroit, ce qui représentait un risque d’infection de la mamelle. Les rideaux ont permis de remédier à ce problème », explique Stéphane. Par ailleurs, il choisit des taureaux positifs en santé de la mamelle pour l’insémination et reste très vigilant sur les index des ascendants lorsqu’il achète son taureau de monte naturelle pour les retours.

« Avec l’obturateur, il y a moins de nouvelles infections »

Les laitières sont taries progressivement et toujours à partir du vendredi matin : pendant trois jours, elles sont traites une fois quotidiennement et ont une ration composée d’eau et de paille. Le praticien privilégie pour sa part le tarissement brutal : « C’est le phénomène d’engorgement de la mamelle qui provoque l’arrêt de la production laitière, rappelle Louis Musnier. C’est pourquoi, le tarissement progressif est une pratique à risque, surtout en aire paillée : en effet, si la vache perd du lait entre ces deux traites très espacées il y a un fort risque de contamination, car il n’existe pas de produit filmogène qui puisse protéger le trayon sur une durée de 24 heures » Le traitement au tarissement repose sur l’application systématique d’un antibiotique intramammaire, associée à un obturateur. Le taux de nouvelles infections au redémarrage en lactation s’élève à 8 %. « Depuis que nous avons systématisé le recours à l’obturateur, nous observons la diminution des nouvelles infections, commente Stéphane. Progressivement, nous nous attachons à supprimer l’antibiotique sur les vaches saines»

« Une période sèche de huit semaines »

Ensuite, les vaches basculent vers une ration d’eau et de foin jusqu’à l’assèchement de la mamelle. Puis, le maïs est réintroduit dans la ration petit à petit jusqu’à 15 kg bruts avec du correcteur, un minéral spécial taries et de la paille à volonté. Enfin, quinze jours avant la mise bas, les éleveurs distribuent 2 kg d’un correcteur spécial taries à baca négative. Les vêlages sont étalés et, du mois d’avril au mois de novembre, les taries sont parquées dans un pré avec très peu d’herbe disponible. La période sèche dure en moyenne huit semaines. « Cette phase de préparation au vêlage a un impact fort sur le risque de mammites en début de lactation, rappelle Louis Musnier. Deux éléments sont essentiels : d’une part, l’équilibre énergétique, car une vache en cétose est plus sensible aux infections et, d’autre part, le respect des apports en phosphore et calcium qui ont un impact sur l’immunité, mais aussi sur le tonus musculaire, donc sur la fermeture des sphincters du trayon. À ce titre, les pertes de lait récurrentes sont un indicateur d’un problème d’équilibre minéral. »

Jérôme Pezon

© j.p. - Trempage. Sébastien Joubert désinfecte les griffes au peroxyde après chaque vache traitée pour une mammite. Il n’a pas besoin de rincer à l’eau avant de brancher la vache suivante. Après la traite, le reste de produit sert à laver les seaux des veaux.

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